Bramall Lane : le doyen

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Si la Premier League est le championnat le plus médiatisé du monde, cet engouement s’explique par la présence de joueurs talentueux, d’équipes de légende et de supporters passionnés. Mais également d’enceintes historiques et de prestiges. Cette semaine, Zone Mixte vous propose de découvrir un stade mythique : Bramall Lane.

Par Nicolas Wagner – Twitter: @friulconnection

Origines

Ouvert en 1855 comme terrain de cricket, Bramall Lane est choisi pour son emplacement. Proche du centre-ville mais assez éloigné de la zone industrielle de Sheffield, alors en plein essor économique grâce à la révolution industrielle qui amène une résurgence de la ville au cours du XIX ème siècle, le terrain est relativement épargné par les fumées. Construit pour accueillir les matchs des clubs de cricket locaux, à l’origine Sheffield compte six clubs, dont le Wednesday Cricket Club, précurseur du Sheffield Wednesday. Tous jouaient dans ce stade loué par Michael Ellison au Duc de Norfolk pour un loyer annuel de 70 livres. A partir de 1862, le football prend place dans le stade.

« Les origines mêmes du terrain, qui est le plus ancien site de football professionnel au monde, se trouvent dans les racines du cricket. » – John Garrett, historien des Blades

Construit sur la Bramall Lane, le stade porte donc le nom de cette rue mais également de la famille Bramall, de riches industriels locaux. En tant que plus grand stade de la ville à l’époque, Bramall Lane a accueilli la plupart des matchs les plus importants. Notamment la finale du premier tournoi de football au monde. Mais également plusieurs matchs entre les associations de football de Sheffield et de Londres qui ont conduit à l’unification de leurs règles respectives. Enceinte partagée par Sheffield FC et Wednesday, avant le départ du Club en 1875 et des Owls pour Olive Grove en 1887, Bramall Lane devient le stade exclusif de Sheffield United à partir de la création du club en 1889.

Evolution

Si dès le 14 octobre 1878, le stade a abrité le premier match de football éclairé au monde grâce à deux générateurs fournissant l’électricité nécessaire, Bramall Lane a depuis subi beaucoup de modifications. Inauguré le 30 avril 1855 par un match de cricket, le terrain est devenu une enceinte mixte abritant du cricket et du football en dépit des réticences des propriétaires pour le ballon rond. Fondé en 1863, le Yorkshire County Cricket Club a continué à utiliser le terrain pour quelques matchs chaque saison jusqu’en août 1973. A partir de là, des travaux ont alors converti Bramall Lane exclusivement en un stade de football. Au fur et à mesure, plusieurs évolutions ont été faites pour moderniser le stade.

« Lorsque vous assistez à un match de football, l’histoire du club doit toujours faire partie du plaisir et de l’expérience. » – Denis Clarebrough, historien des Blades


En 1896, la John Street Stand est refondée avec une capacité de six mille places (assise et debout). En 1911, un toit est ajouté à la Bramall Lane End. En 1935, le Kop se voit également muni d’un toit. Cependant, pendant la Seconde Guerre Mondiale, en 1940, Bramall Lane a été grandement endommagé par les bombardements allemands. En 1953, les éclairages sont installés. En 1966 et en 1975, Bramall Lane Stand et South Stand sont réaménagés. 1981 marque la fin d’une époque avec la destruction du Pavillon de cricket. Suite au drame de Hillsborough, le stade devient une enceinte entièrement assisse comme le préconise le rapport Taylor. Depuis, de nouvelles améliorations ont été apportées avec notamment les corners (Blades Enterprise Centre, Streetwise Corner et Westfield Health Stand). Mais des discussions sont en cours pour agrandir le stade.

Monuments

Comme dans d’autres stades anglais (Anfield, Old Trafford ou Villa Park …), Bramall Lane n’échappe pas la règle du devoir de mémoire envers ses glorieux anciens. Ainsi, Derek Dooley et Joe Shaw sont honorés devant la Tony Currie Stand. Deux statues, côte à côte, se dressent devant cette tribune. Pourtant Derek Dooley a été un joueur et entraîneur à … Wednesday.

Sa carrière s’arrête prématurément (23 ans) et brutalement. La cause ? Une amputation de la jambe. Les faits ? Heurté par le gardien de Preston, Dooley a une double fracture. Plâtré, il doit quitter l’hôpital quelques jours plus tard. Mais au moment de son départ, une infirmière s’aperçoit que ses orteils ne réagissent plus. Le plâtre est retiré, une égratignure est découverte à l’arrière de sa jambe et elle s’est infectée. Bilan ? La gangrène oblige à l’amputation. Après son licenciement de son poste de manager des Owls, il occupe un poste de relations publiques dans une entreprise de Leeds avant d’accepter la proposition des Blades pour devenir leur directeur commercial. Par la suite, Dooley change de fonction passant de directeur général à chairman et puis vice-président. En tout, il est resté plus de trois décennie à United.

« Il était une figure unique du football de Sheffield. Il y a des gens dans l’histoire qui ont des liens avec les deux clubs, mais pas comme Derek. Il était différent. » – Keith Farnsworth, ancien rédacteur sportif du Sheffield Morning Telegraph

Joe Shaw, lui, n’a connu qu’un seul club : Sheffield United. De 1945 à 1966, il défend les couleurs de son équipe. Shaw totalise 714 apparitions sous le maillot des Blades dont 632 en championnat et 53 en FA Cup. Trois records pour le club. Défenseur de formation et travailleur acharné, il a parfois été utilisé au milieu de terrain où sa taille associée à sa superbe anticipation et à sa lecture du jeu ont bien aidé avec notamment ce système de « double banking » incluant un double pivot défensif dans l’entrejeu de United.

Plus ancien stade du monde à encore accueillir des matches de football professionnels, Bramall Lane navigue entre tradition et évolution. L’hôtel inauguré en 2008, et adossé à la Westfield stand, en est le parfait exemple. Avec le retour des Blades parmi l’élite, de nouvelles évolutions pourraient bien voir le jour prochainement. En attendant, vous pouvez toujours y aller si vous êtes en vacances en Angleterre.

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