Les Sud-Américains en PL

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Trois ans après la création de la Premier League, l’arrêt Bosman a permis l’arrivée de nombreux Sud-Américains dans le football anglais. Dès quatre coins du continent, certains d’entre eux se sont particulièrement illustrés en Angleterre. Tour d’horizon par pays.

Par Nicolas Wagner – Twitter: @friulconnection

Argentine

Avec plus de 70 représentants depuis 1998, l’Argentine possède la deuxième colonie la plus importante passée en Angleterre en provenance d’Amérique Latine. Si Osvaldo Ardiles était un précurseur en la matière avec un transfert à Tottenham en 1978, depuis plusieurs « gauchos » ont brillé sur le sol britannique. L’un des meilleurs joueurs est incontestablement le Cityzen : Sergio « Kun » Agüero.

Après des débuts précoces à 15 ans et 35 jours avec Independiente, battant le record établi par Diego Maradona en 1976, Agüero arrive en Europe à Madrid trois ans plus tard. Avec les Colchoneros de l’Atlético, il doit assumer le remplacement de Fernando « Nino » Torres parti pour Liverpool. Une mission réussie avec brio. Le « Kun » remporte ses premiers trophées (Europa League et Super Coupe d’Europe) avec les Rojiblancos.

« C’est une légende, et il fait parti de l’histoire du club. Les stats d’Agüero parlent d’elles-mêmes. Il est incroyable. »- Pep Guardiola

Transféré vers un Manchester City en quête de titre, l’Argentin devient l’idole de l’Etihad en inscrivant le but du sacre dans le temps additionnel (90+4) contre QPR (3-2) et offre un championnat attendu depuis … 1968. Depuis 2011, ce goleador hors norme s’est forgé un solide palmarès et est entré dans l’Histoire du club. Avec 254 (série en cours) buts, Kun est le meilleur buteur de City. Loin devant Erik Brook (177).

Nous aurions également pu citer Gabriel Heinze, Javier Mascherano, Maxi Rodríguez, Carlos Tevez ou Pablo Zabaleta.

Bolivie

Située à l’ouest de l’Amérique du Sud, la Bolivie a exporté peu de joueurs en Angleterre. Le pays andin n’est pas le plus réputé, ni le plus peuplé du continent. Seuls Jaime Moreno à Middlesbrough en 1995/96 et Marcelo Moreno avec Wigan en 2009/10 ont évolué en Premier League.

Brésil

Pays le plus peuplé du continent, le Brésil exporte beaucoup de ses footballeurs à travers le monde. L’Angleterre n’échappe pas à cet afflux massif avec près de 80 joueurs. Pourtant, il faut attendre 1995 pour voir les premiers cariocas évoluer au Royaume de Sa Majesté. Si Isaías est le premier, Juninho Paulista n’arrive pas longtemps après.

Juninho Paulista, comme son surnom l’indique, débute sa carrière pro au São Paulo FC avec Cafu, Leonardo, Raï, Toninho Cerezo et Zetti. Sous la direction de Telê Santana, le frêle milieu offensif (1M68 pour 58 kg) gagne la Libertores 93 contre Universidad Católica (5-1 / 2-0) et la Coupe Intercontinentale 93 contre le Grand Milan (3-2) de Capello. Fraîchement international auriverde, Juninho s’envole vers le Riverside Stadium de Middlesbrough malgré plusieurs offres. Un artiste dans un monde de brutes. Âgé de 22 ans, Little Fella régale les fans de Boro de ses dribbles explosifs et de ses buts fantastiques.

« Est-ce que ça vaut la peine de faire la queue tout ce temps pour un abonnement ? Certainement. Juninho est en route maintenant et il n’y a pas moyen de nous arrêter. » – Un supporter de Boro

Bien intégré, il lui arrive de jouer au football avec des écoliers dans la rue. Toujours considéré comme l’un des plus grands joueurs à avoir endossé le maillot des « Teessiders« , Juninho ne parvient pas à maintenir son équipe en PL. Transféré à l’Atlético de Madrid, il revient à Middlesbrough en 1999 puis en 2002 après un retour au pays (Vasco et Flamengo). Le Brésilien ne retrouve pas son niveau de 1996 en raison d’une grave blessure subie (jambe brisée) en Espagne. Néanmoins, cela n’a jamais entaché son statut de Légende dans le Teesside.

Nous aurions également pu évoquer Anderson, Coutinho, David Luiz, Edu, Gilberto Silva, Lucas Leiva Oscar ou Ramires comme les principaux succès brésiliens.

Chili

Les Chiliens se sont peu exportés en Angleterre. A peine un peu plus d’une dizaine (14) ont foulé les pelouses britanniques. Les récentes victoires (deux Copa América en 2015 et 2016) sous la direction de Jorge Sampaoli et de Juan Antonio Pizzi ont certainement contribué à améliorer la popularité des joueurs chiliens en Angleterre. Le meilleur représentant de ce long pays situé sur la côte Pacifique est Alexis Sánchez.

« El Niño Maravilla » est vite repéré à Cobreloa par les scouts de l’Udinese, club spécialisé dans la post-formation. Recruté à 17 ans, il reste au pays pour jouer avec Colo-Colo puis va en Argentine à River Plate. Après ses deux prêts successifs, il s’installe enfin au Frioul. Son importance dans le XI va monter crescendo. Au point de former en 2010/11 un duo infernal avec Antonio Di Natale avec 39 buts au compteur. A seulement deux unités de Del Piero / Trezeguet (41). Transféré au Barça, Alexis passe trois belles saisons en Catalogne aux côtés de Lionel Messi et David Villa.

« La meilleure signature d’Arsenal de ces six dernières années. » – Thierry Henry

En 2014, le Chilien devient un Gunner. Dans le Nord de Londres, Sánchez s’intègre rapidement et devient l’un des atouts offensifs majeurs de Wenger. Vainqueur de la FA Cup 2015 et 2016, il devient également le premier joueur depuis Robin van Persie (2011-12) à marquer plus de 20 buts en championnat. La fin de son expérience se termine difficilement. Il part en cours de saison pour Manchester United. Mais Alexis ne justifie pas l’investissement consenti par les Red Devils. Très décevant, il est envoyé en Italie pour se refaire une santé.

Colombie

Les joueurs Colombiens ont tardé à venir outre-Manche. Hormis Tino Asprilla en 1995, ses compatriotes sont quasiment tous venus au cours des années 2000. Nous aurions pu parler de l’ancien parmesan mais un de ses coéquipiers avec La Tricolor a connu un passage encore plus marquant en Angleterre.

Juan Pablo Ángel débute sa carrière à l’Atlético Nacional de Medellín. Son but vainqueur, et décisif pour le titre de 1994, inscrit lors du Derby contre le Deportivo Independiente lui confère une certaine célébrité. Après cinq ans, River Plate le recrute pour remplacer Hernán Crespo. Avec Los millonarios de Aimar et Saviola, Juan Pablo soigne ses stats (46 buts en 96 matchs) et attise les convoitises européennes. En janvier 2001, Aston Villa dépense £9.5M pour le recruter et Ángel devient le joueur le plus cher de Villa.

« La Premier League a ses propres difficultés. La langue, le temps, le combat physique et la vitesse de la compétition. » – Juan Pablo Ángel

Ses débuts sont mitigés avec des difficultés familiales à la clé pour s’adapter à Birmingham. Mais le Colombien ne tarde pas à justifier le montant de son transfert. Avec Christian Benteke puis Tammy Abraham, il est l’un des trois joueurs à marquer plus de 20 buts en une saison (23 buts en 2003/04) pour les Villans. Avec 62 réalisations en 205 apparitions, il est seulement devancé par Dwight Yorke (97 buts en 288 matchs) et Gabriel Agbonlahor (74 buts en 284 matchs).

A l’instar de Ángel, d’autres Colombiens ont joué en Angleterre comme Faustino Asprilla, David Ospina ou Hugo Rodallega avec plus ou moins de succès.

Equateur

Coincé sur la côte ouest de l’Amérique du Sud entre le Pérou et la Colombie, l’Equateur et sa capitale Quito culminant à 2850 mètres ne sont pas une place forte du football sur ce continent. Il est donc normal de constater une faible présence d’une dizaine (11) de footballeurs équatoriens en Grande-Bretagne. Parmi eux, le plus fameux est forcément Antonio Valencia.

Après un début de carrière au pays au sein du Club Deportivo El Nacional, Antonio rejoint rapidement l’Espagne. A Villarreal, l’ailier droit n’a pas vraiment sa chance. Prêté au Recreativo Huelva puis à Wigan, il poursuit sa carrière avec les Latics qui ont levé l’option d’achat. Ses performances montrent de grandes qualités et Wigan devient vite trop petit pour lui. En contact avancé avec le Real, Valencia s’engage finalement avec Manchester United pour £16M pour remplacer un certain … CR7.

« En arrivant ici, il a tout de suite répondu au challenge qui lui était proposé et nous sommes très satisfaits de ce qu’il a montré jusqu’à présent. » – Sir Alex Ferguson

Installé sur son aile droite, Antonio se démarque par sa superbe qualité de centre, de vitesse et remporte ses premiers succès anglais (PL 2011 & 2013). A partir de 2013, Louis van Gaal le replace au poste de latéral droit. Sir Alex Ferguson l’avait aussi parfois utilisé à ce poste. Grâce à son passé d’ailier, Valencia apporte beaucoup offensivement et montre de belles capacités défensives. Capitaine à la fin de sa carrière mancunienne, Antonio Valencia quitte le club après 10 ans et 325 apparitions en Premier League, un record pour un joueur sud-américain.

Paraguay

Le Paraguay a exporté ses footballeurs en Angleterre tardivement. A l’exception de Diego Gavilán en 1999, les autres Paraguayens sont arrivés vers la fin des années 2000. Et même plus tard pour les derniers représentants de la Albirroja (Almirón ou Balbuena en 2018). Moins d’une dizaine de Guarani ont atterri en Angleterre. Le buteur Roque Santa Cruz est l’un des premiers à franchir le pas.

Formé dans la capitale, à Asunción, sous le maillot de l’Olimpia, Roque est l’un des grands espoirs offensifs de son pays. Après une saison 1999 étincelante, le Bayern Munich n’hésite pas à débourser 5M€ (transfert record dans le football paraguayen). Les Bavarois apprécient les goleadors sud-américains comme Giovane Élber ou encore Claudio Pizarro. Cependant, la concurrence est rude dans l’une des top teams européennes et les blessures l’empêchent de trouver sa plénitude. Après huit saisons en Bundeliga, Santa Cruz quitte la Bavière sans avoir vraiment réussi à s’y imposer pour rejoindre Blackburn.

« Je veux progresser et devenir meilleur pour qu’un grand club vienne et m’offre une chance de prouver que je peux jouer au plus haut niveau. » – Roque Santa Cruz

Sous les couleurs de Rovers, il frôle les 20 buts pour sa première saison (19). Âgé de 26 ans, il semble avoir enfin trouvé la régularité et la confiance nécessaires pour un buteur. Mais la saison suivante est décevante. Plusieurs événements perturbent ses performances. Sa famille (femme et enfants) subit un violent cambriolage pendant un déplacement à Portsmouth et Manchester City multiplie les tentatives de transfert depuis l’arrivée des nouveaux proprios du Golfe. Les Cityzens le recrutent et le Paraguayen retrouve son ex-coach à Blackburn Mark Hughes. Mais le remplacement du Gallois par Roberto Mancini signe le glas de son expérience mancunienne. Barré, il retourne dans son ancien club en prêt. Sans succès.

Pérou

Avec seulement cinq Péruviens, le pays des Incas est l’un des plus faibles pourvoyeurs de footballeurs en provenance d’Amsud. Le pionnier n’est autre que Nolberto Solano. Solano est le premier Péruvien à jouer en Premier League et à disputer une finale de la FA Cup. Milieu droit spécialisé dans les coups de pieds arrêtés grâce à une superbe qualité de centre et de frappe, il débarque en Europe en 1998. Mais avant, Nobby débute au Sporting Cristal. Il y joue pendant quatre ans entrecoupé d’un prêt au Deportivo Municipal avec en point d’orgue une finale de Libertores (perdue contre Cruzeiro).

Avant de franchir l’Atlantique, Nolberto rejoint un club historique du continent sud-américain : Boca Juniors. Avec les Xeneizes, il côtoie un certain … Maradona. El Pibe de Oro le surnomme « Maestrito« . Les Magpies paient £2.5M pour son transfert. Son arrivée à Newcastle suscite l’enthousiasme des supporters. Lors de son passage dans le nord du pays, Solano est très apprécié pour son pied droit soyeux et précis. En difficulté dans son club, Nobby rejoint Aston Villa. Après une demi-saison d’adaption, il trouve ses marques à Birmingham.

« Il y a vingt ans, la Premier League n’était pas aussi célèbre que maintenant. Normalement, les sud-américains s’installaient en Espagne, en Italie ou au Portugal à cause d’une culture similaire. Je n’avais pas vraiment entendu parler du football anglais, mais ensuite la Premier League a commencé à signer davantage de joueurs sud-américains comme Tino Asprilla à Newcastle. » – Nolberto Solano

Meilleur buteur de son équipe, il est logiquement élu joueur de l’année de Villa par les supporters, ses coéquipiers et la presse locale. Au dernier jour du mercato estival, Solano refuse une offre tardive de Liverpool pour rejoindre à nouveau … Newcastle. Suite à la blessure de Stephen Carr, le manager Glenn Roeder le replace au poste d’arrière droit. Pour se rapprocher de sa famille, installée à Londres, le Péruvien rejoint West Ham après deux ans à Newcastle. L’expérience n’est pas vraiment concluante. Destination la Grèce et le Pérou avant de revenir une nouvelle fois en Angleterre pour des passages à Leicester et Hull City en Championship et Hartlepool United en League One où il termine sa carrière à 38 ans.

Uruguay

Pays double champion du Monde en 1930 et 1950, l’Uruguay a exporté une vingtaine (21) de joueurs vers le Royaume-Uni. Les premiers sont Adrián Paz ou encore Gus Poyet. Mais le plus fameux représentant de La Celeste à avoir porté les couleurs d’un club anglais est sans équivoque Luis Suárez. Formé au Nacional de Montevideo, l’attaquant au mordant incisif s’envole vite vers l’Europe (19 ans). D’abord à Groningen pendant un an puis à l’Ajax pendant quatre saisons.

Avec les Lanciers, Suárez enfile les buts comme les perles et glane des trophées (Eredivisie 2011 et KNVB Beker 2010). Sur les tablettes de Liverpool, il s’engage avec les Reds au mercato hivernal. Au bord de la Mersey, l’Uruguayen s’adapte bien. Il est l’un des meilleurs joueurs de la fin de saison. Cependant, Suárez connait une saison 2011-12 décevante selon ses standards habituels avec seulement onze buts. Par la suite, Luis retrouve progressivement les hautes sphères du classement des buteurs. Avec 23 et 31 réalisations, il est le danger N°1 des Scousers. Il est justement désigné Joueur de l’année 2013/14.

« Suárez a montré lors de sa dernière saison à Liverpool qu’il est presque injouable. Il peut à lui seul occuper un back four grâce à ses mouvements et à son intelligence. » – Brendan Rodgers

Malheureusement, en dépit des nombreux buts inscrits, Liverpool n’arrive pas à remporter ce titre, absent de la salle des trophées depuis 1990. Et deux incidents vont ternir son image en Angleterre. Le premier est l’incident des insultes racistes envers Evra en 2011 pour lequel il est condamné à 40 000 £ d’amende et une suspension de huit matchs. Le second est une nouvelle morsure (après une première aux Pays-Bas et avant une autre sur Giorgio Chiellini au Mondial 2014) sur Branislav Ivanović. Il écope d’une lourde amende par son club et de dix matchs de suspension. Après avoir fait le forcing pour quitter le club en 2013, Suárez rejoint Barcelone la saison suivante.

Venezuela

Le Venezuela, comme la Bolivie, est le plus faible contributeur sud-américain au championnat anglaisavec seulement deux joueurs issus de ce pays de la côte nord du continent. L’un des plus gros producteur de pétrole du Monde n’a pas le même dynamisme en matière de football. La Vinotinto galère dans les compétitions internationales. La notoriété des joueurs vénézuéliens reste logiquement très confidentielle hors des frontières continentales. Néanmoins, un buteur va démontrer son sens du but et du combat physique au pays de Shakespeare.

Salomón Rondón commence son parcours pro au Aragua FC. Comme souvent, la première porte d’entrée vers le Vieux Continent est l’Espagne. D’abord à Las Palmas et ensuite à Malaga. Après quatre ans dans la péninsule ibérique, il prend la direction de la Russie. Première étape : Rubin Kazan. Deuxième étape : Zenit Saint Petersbourg. Trois ans après son arrivée à l’Est, Rondón arrive enfin en Angleterre. West Bromwich Albion craque sur ce buteur au physique imposant (1M86). Les £12M sont un record d’achat pour le club des Midlands. Sous le maillot des Baggies, le Vénézuélien fait le job notamment dans le jeu aérien et l’affrontement physique.

« Je suis très reconnaissant à Tony Pulis. J’ai toujours apprécié la Premier League en raison de son aspect physique. J’aime ce contact avec les grands défenseurs, la lutte, et West Brom m’a donné la chance de jouer dans la meilleure ligue du monde. » – Salomón Rondón

Meilleur buteur du club en championnat pendant trois saisons consécutives, ses réalisations permettent à WBA de bien figurer en Premier League. Sauf lors de la saison 2017/18 quand le club chute en Championship. Avec un salaire important, Rondón quitte temporairement le Hawthorns pour Newcastle. Lors de son séjour dans le Tyneside, le Sud-Américain continue sur sa lancée. Avec Ayoze Pérez, il est l’un des dangers permanents. Nommé joueur de l’année à Newcastle, le Vénézuélien devient ainsi le premier attaquant à remporter ce prix depuis Alan Shearer en 2003. Vendu en Chine pour £16.5M, le montant de sa clause libératoire, Salomón retrouve Rafael Benítez au Dalian Yifang.

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