Marassi : Un peu d’Angleterre à Gênes

- Catégories : Italie

Avec le décès de Vittorio Gregotti, dimanche dernier, ZoneMixte vous propose de revenir sur l’une de ses principales réalisations sportives : le Luigi Ferraris de Gênes.

Par Nicolas Wagner – Twitter: @friulconnection

Historique

Si la date exacte de la construction du stade est incertaine, le 10 juillet 1910 est symboliquement retenu. A l’époque, Edoardo Pasteur le président du Genoa accepte la proposition du marquis Musso Piantelli. Ce dernier, membre de la jeune équipe anglo-italienne, l’autorise à construire un terrain de football à l’intérieur du champ de course situé dans son complexe de la Villa Centurione Musso Piantelli, résidence du XVIe siècle.

Le 22 janvier 1911, le nouveau stade est officialisé lors d’une rencontre entre le Genoa et l’Inter. Le Marassi, du nom du quartier de Gênes où il est construit, est voisin d’un autre terrain sportif : la Cajenna, antre de l’Andrea Doria (autre équipe génoise) depuis 1902. Les deux enceintes sont seulement séparées par une clôture jusqu’à la démolition de la Cajenna en 1926. La construction d’une nouvelle tribune, située au nord du terrain, est décidée et paradoxalement, elle devient l’endroit préférée des supporters les plus chauds du … Genoa.

« Je n’ai pas besoin de faire un régime. Chaque fois que j’entre à Marassi je perds trois kilos. »- Vujadin Boškov

Après des travaux d’agrandissements jusqu’à la fin 1932, le nouveau stade est inauguré le 1er janvier 1933 et change de dénomination en prenant le nom de Luigi Ferraris, capitaine de l’équipe de Gênes, mort pendant la Première Guerre mondiale. La modernisation fait entrer le stade dans une nouvelle ère. La capacité augmente de 20 000 à 30 000 spectateurs. Le 27 mai 1934, le Luigi Ferraris accueille le match de Coupe du monde entre l’Espagne et le Brésil (3 à 1).

Le record d’affluence pour un match de championnat intervient en 1982 pour un Genoa-Sampdoria (1-1) où 57 815 personnes prennent place dans le stade. Mais le record absolu appartient à un Italie-Portugal (4-1) de 1949 quand plus de 60 000 spectateurs ont garni les tribunes du Marassi. En 2015, l’ensemble du gazon est refait, naturel mais renforcé par une base synthétique. En 2018, les deux clubs résidents démarrent une négociation avec la mairie pour obtenir la vente du stade et en avoir la co-propriété du Luigi Ferraris dans la perspective d’une nouvelle rénovation. Mais cela reste au point mort suite à la trop grande différence entre l’estimation réalisée par un cabinet d’expert mandaté par la municipalité (18M€) et les clubs (7M€).

Relifting

Dans l’optique de la Coupe du Monde de 1990, dont l’Italie est le pays organisateur, les infrastructures ont connu diverses modifications. Entre 1987 et 1989, l’architecte Vittorio Gregotti dirige les travaux. Déjà auteur de la construction du Stade des Costières à Nîmes * et de la rénovation complète du Stade Olympique Lluís-Companys de Barcelone, l’Italien opte pour un projet de stade à l’anglaise avec des tribunes très proches du terrain.

En Italie, bien souvent, les stades sont omnisports. Il est assez fréquent d’observer une piste d’athlétisme que sépare le terrain des tribunes et qui éloigne les spectateurs de l’action. Comme à Bari, Bologne, Naples, Rome, Turin, Verona … Mais des controverses éclatent. Principalement en raison de la visibilité, jugée insuffisante à certains endroits par les fans. Ces derniers se plaignent de la difficulté d’observer entièrement le terrain sous certains angles.

« Le derby est moins venimeux que les autres, c’est peut-être ce qui le rend plus beau. » – Marcello Lippi

Le résultat donne un stade à l’atmosphère très britannique, d’une capacité de 40 000 spectateurs et à l’architecture extérieure et intérieure innovante pour l’époque. Le Marassi se dote de deux écrans géants, de salles de presse, de tableaux d’affichage lumineux et d’un système d’éclairage artificiel. Le stade génois est certainement l’un des plus adaptés au football en Italie à l’ambiance extraordinaire notamment lors du fameux derby de la Lanterne.

Stade atypique en Italie, Vittorio Gregotti a décidé d’apporter un peu d’Angleterre dans la Péninsule avec cette enceinte peu commune à l’époque.

* Il existe une réelle ressemblance entre les Costières à Nîmes et le Luigi Ferraris à Gênes.

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