Un derby d'Italia historique

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La saison 1960-1961

L’Inter du président Angelo Moratti décide de confier le destin de l’équipe à un entraineur à l’époque considéré aussi « pittoresque » que couteux, l’argentin Helenio Herrera. Le début de saison se passe bien: des victoires nettes à Bergame, à Udine, face à Vicenza. Puis une victoire 3-1 à San Siro dans le derby d’Italia face à la Juventus. L’Inter vire en tête à la fin des matches aller avec 4 points d’avance sur le rival turinois.

Le début de l’année 1961 est plus difficile et quatre défaites consécutives font que les hommes d’Herrera se présentent au Stadio Comunale de Turin le 16 avril 1961 avec 4 points de retard sur la Juventus. Le Derby D’Italia est pour l’Inter la dernière chance d’espérer pouvoir lutter pour le scudetto.

Le derby d'Italia

Un Comunale rempli comme jamais, avec beaucoup plus de tifosi présents que la capacité du stade ne le permet. Aristide Guarneri, stopper de l’Inter, racontera que « le public était à quelques mètres du terrain, directement sur la piste, au contact du banc de touche d’Herrera». Face à cette situation insolite, l’arbitre Mr Gambarotta décide d’arrêter le match à la 31ème minute.

16 aprile 1961: quella volta che Juve-Inter fu sospesa per troppo ...

Le règlement prévoit une victoire 2-0 sur tapis vert pour l’Inter. Décision que prend la Ligue dix jours plus tard, sur la base de cas similaires par le passé. L’Inter est de nouveau dans la course pour le scudetto. Mais la veille du dernier match de championnat, le 3 juin 1961, la Cour Fédérale admet l’appel de la Juventus et annonce que le match doit être rejoué. Dans la plus grande tradition italienne, la polémique est sans fin, le climat explosif. L’Inter est de nouveau à 2 points derrière la Juventus.

La polémique

Les joueurs de l’Inter apprennent la nouvelle alors qu’ils sont déjà en Sicile pour affronter Catane. Le moral au plus bas, Guarneri racontera « on s’est senti humilié », l’Inter s’incline 2-0. Le président Moratti, fou furieux, prend alors une décision qui restera dans l’histoire du Calcio. Le 10 Juin 1961, date de la répétition du Derby d’Italia, il alignera à Turin la Primavera et non pas l’équipe première. Signe du destin, dans le groupe des -19 de l’Inter, joue un certain Sandro Mazzola qui faillit d’ailleurs rater ainsi ses grands débuts en Serie A : « le samedi en question, j’avais des examens à l’école et  pour mes parents le football passait après. Désespéré, le directeur de l’école eut pitié de moi et me fit passer les examens le matin. Une voiture du club m’accompagna ensuite directement à Turin, juste à temps pour le début du match ».

Face à une équipe de gamins (pas un seul n’avait déjà joué en Serie A), la Juventus aligna sa meilleure équipe possible, avec Gren, Parola, Charles, Sivori et Boniperti. Autre signe du destin, ce fut aussi le dernier match de la carrière de Boniperti à 30 ans. Il racontera après le match: “on était clairement un peu embarrassé par la situation, on ne voulait pas humilier ces gamins. Mais Sivori luttait pour le Ballon d’Or et voulait marquer le plus de possible. A la fin du match j’ai donné mes chaussures à notre masseur, Crova, en lui disant qu’il pouvait les garder, que je n’en avais plus besoin car pour moi le football c’était fini”.

La Juventus s’imposa 9-1, Sivori marqua 6 buts et fut Ballon d’Or. Le seul but de l’Inter fut marqué par Mazzola sur penalty. La Juventus remporta son 12ème titre de champion d’Italie avec 4 points d’avance sur le Milan et 5 sur l’Inter. Aujourd’hui encore en Italie, le mythe du Derby d’Italia est lié aussi à cette incroyable édition 1960-1961.

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