Après trois saisons à Turin, le Polonais débarque dans la Capitale. Malgré son étiquette de juventino, Boniek gagne le cœur des tifosi romains. Retour sur son passage à la Roma.
Par Nicolas Wagner
Arrivée en Italie
Membre incontournable des Biało-czerwoni (« Blanc et rouge » en VF) avec Lato, Szarmach et Żmuda, Boniek atteint le dernier carré de la compétition mondiale organisée en Espagne en 1982, gagnée par la Nazionale, et se place même sur le podium aux dépens de la France d'un certain ... Michel Platini (3-2). Quelques semaines plus tard, le Polonais retrouve le Français à Turin.
« Il savait déjà qu’il allait évoluer à la Juve la saison suivante, ça l’a complètement libéré » - Andrzej Szarmach à propos des prestations de Boniek au Mondial 82
Malgré l'interdiction des autorités polonaises de quitter le pays pour l'Ouest avant 30 ans, le natif de Bydgoszcz parvient grâce à ses bonnes performances sous le maillot de la sélection nationale et, surtout, grâce à la manne financière importante générée (2M$) à obtenir son transfert vers l'Italie à seulement 26 ans. D'après la légende, le Pape Jean-Paul II (en personne) aurait recommandé son compatriote à l'Avvocato Agnelli.
Pendant son séjour piémontais, Zibì se lie d'amitié (sur et en dehors des terrains) avec Platoche. Cette complicité s'est traduite par une vague de succès aussi bien sur le plan national que continental : un scudetto, une Coupe d'Italie, une Coupe des vainqueurs de coupe, une Coupe des clubs champions et une Supercoupe d'Europe. L'alliance parfaite entre la qualité de passe de Platini et les appels dévastateurs de Boniek fait donc les beaux jours de la Juve.
Passage de la Juve à la Roma
Mais la concurrence est rude. L'émergence du jeune talent danois Michael Laudrup cumulée à la réglementation sur la présence des étrangers dans les effectifs le poussent vers la sortie. Âgé de 29 ans, le Polonais arrive à la Roma où il aurait pu signer trois ans plus tôt sans une surenchère de dernière minute de la Juve. Une Magica orpheline de sa star brésilienne Falcão, repartie au Brésil pour y terminer sa carrière. Le poids sur les épaules du Polonais est lourd. Il doit assumer la succession du Brésilien et son passé juventino.
« Le prochain meilleur buteur du championnat évoluera dans la future équipe de Boniek. » - Michel Platini lors du départ de Boniek de la Juventus
Mais très vite, Zbigniew gagne le cœur de la Curva Sud. Immédiatement, il s'adapte à la tactique mise en place par le technicien suédois Sven-Göran Eriksson. Son association avec Bruno Conti rappelle celle avec son ami Michel Platini. Et comme l'avait prédit son ancien coéquipier lors de son départ de la Juve, le Polonais aide Roberto Pruzzo à devenir capocannoniere de Serie A à la fin de la saison avec 19 réalisations.
Malheureusement, une défaite improbable (2-3) à domicile face à Lecce (déjà condamné à la B) à deux journées de la fin empêche les romains de glaner un Scudetto qui leur tendait les bras. Comble de l'ironie, ce titre de champion d'Italie 1986 est glané par ... la Juventus. Pourtant, le Polonais reconnait avoir pratiqué le football le plus spectaculaire de sa carrière lors de cette saison 1985/86.
Fin de carrière
Zibì se console en remportant la Coupe d'Italie contre la Samp. Même si sa convocation en équipe nationale pour préparer à la Coupe du Monde 86 au Mexique l'empêche de prendre part à la finale. Il reste encore deux saisons supplémentaires dans le Ville Éternelle. Son rôle sur le terrain évolue. Boniek peut aussi bien jouer en attaque ou au milieu du terrain. Et avec le temps, il descend même jusqu'en défense pour occuper le poste de libero.
« Je me souviens que lors des premières séances d'entraînement, ils me regardaient comme si je portais encore le maillot de la Juventus. » - Zbigniew Boniek
Le Polonais démontre un réel attachement pour les couleurs giallorossi. Les tifosi ne s'y trompent pas et oublient même son passé. Généreux dans les offrandes pour ses coéquipiers, et dans l'effort, il se bat pour son maillot comme un guerrier. Ce sens du sacrifice est très apprécié. Pendant sa période romaine, son rendement personnel est très bon en dépit de son repositionnement plus bas sur le terrain.
Très attaché à Rome, il reste en Italie à l'issue de sa carrière en 1988. Dans les années 90, il entame une reconversion comme entraîneur. Mais sans connaître le même succès qu'en tant que joueur. Son parcours l'emmène à prendre ses fonctions à Lecce, Bari, à la Sambenedettese et Avellino. Pendant une courte période, il prend en charge la sélection polonaise. Et en 2012, il devient Président de la Fédération. Fonction toujours occupée actuellement.
Surnommé Bello di Notte par Giovanni Agnelli pour ses performances nocturnes en Coupe d'Europe avec la Vecchia Signora, le Polonais est resté très apprécié en Italie. Notamment à Rome. Même si certaines déclarations sur la Juve lui ont joué des tours. Néanmoins, Zibì est incontestablement l'un des grands footballeurs du Calcio des années 80.